Témoignages

Louise Garnier

Je m’appelle Louise Garnier, je suis étudiante en double master de droit des affaires et de finance, à Sciences Po Paris, où je préside la section de la seule organisation étudiante de droite, l’UNI. J’ai eu la chance de participer à la Bourse Tocqueville en juillet 2024.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de postuler pour La Bourse Tocqueville, et qu’espériez-vous accomplir ?

J’ai toujours été mi-fascinée, mi-effrayée, par l’influence américaine sur la société française. J’observe notamment mon école se muer en quelques années seulement en un campus américain des plus progressistes et adopter les leitmotiv modernistes venus de l’autre côté de l’Atlantique. Anticiper la dérive était donc ma motivation première. Plus que cela, je voulais apprendre des conservateurs américains qui luttent activement contre ce fléau depuis bien plus longtemps que nous, avec des moyens et une efficacité bien supérieurs aux nôtres. En somme, il s’agissait de profiter du décalage horaire pour être apte à empêcher l’ultra-progressisme de s’implanter dans nos grandes écoles.

Pouvez-vous décrire l’une des expériences les plus mémorables que vous avez eues pendant votre séjour à Washington, D.C. ?

Je me souviendrais toujours du discours de Trump lors de la soirée finale de la RNC, où nous nous tenions à une dizaine de mètres de lui. Nous avions vécu l’Histoire en direct quelques jours auparavant, puisque nous étions sur le sol américain au moment de sa tentative d’assassinat et nous avons pu assister à ses deux premières apparitions publiques !

La RNC était une expérience unique. Nous avons été plongés dans un engouement, une joie et un optimisme généraux que jamais je n’avais trouvés dans un meeting politique en France, aussi grandiose fût-il. Nous alternions les colloques de grands think tanks faisant intervenir des personnalités politiques majeures, des meetings populaires où la foule criait « Amen » et où l’on nous servait des biscuits en forme du visage de Trump, avec des réunions en plus petits comités où nous étions invités aux côtés d’anciens sénateurs et ministres. Les opportunités étaient innombrables et Kate s’assurait que nous n’en manquions aucune !

Quels ont été les principaux enseignements de votre bourse qui ont eu un impact sur votre vie personnelle et professionnelle ?

Il fallait s’y attendre, mais découvrir les États-Unis, et a fortiori la crème du milieu politique conservateur de Washington, D.C., force à rêver grand. Je reprends mon engagement politique avec des ambitions plus grandes et des objectifs chiffrés pour les atteindre. J’ai pris conscience des limites inconscientes que je m’imposais en France. Alors que je concevais mon combat au sein de Sciences Po comme la garantie du pluralisme et le besoin de représenter et fédérer la droite dans cette institution, j’œuvre désormais pour que cette voix, celle du bon sens, redevienne majoritaire. Et je suis persuadée que nous y arriverons.

Les Américains ont de nombreuses leçons à nous donner, car eux veulent et savent gagner, là où, en France, nous nous contentons trop souvent de perdre avec panache. D’abord, les conservateurs américains parviennent à se rassembler et s’unir dans de multiples projets, ce qui a de quoi nous inspirer. Prenant acte de leurs précédentes erreurs, ils s’attèlent également désormais à maîtriser les procédures, ce qui m’est apparu particulièrement crucial et m’est déjà utile auprès de l’administration de l’école. Ensuite, ils cultivent une éthique du travail que j’ai trouvée particulièrement belle. Je reprends mes engagements convaincue qu’il ne faut pas avoir peur, d’investir beaucoup, mais surtout de s’investir. 

Finalement, je me suis appropriée l’idée que « it’s a social game », que c’est en proposant un idéal alternatif attrayant à Sciences Po que nous reprendrons cette école. J’ai appliqué les conseils donnés par un sénateur du Congrès, notamment l’impératif de rester calme et souriante pour convaincre, alors que je me faisais huer en présentant notre association devant les étudiants de première année. Le résultat a été plus qu’explicite : nous n’avions jamais recruté autant de nouveaux sciencespistes et rassemblons déjà, à la mi-septembre, plus de cinquante militants. Là est un autre apprentissage américain : « in the end, we need number », les bonnes idées ne pourront triompher s’il n’y a personne pour les transmettre. 

Comment la bourse a-t-elle facilité les opportunités de réseautage, et pourriez-vous partager comment ces connexions vous ont aidée dans votre carrière ?

La Bourse Tocqueville m’a avant tout appris à réseauter et ce dès la journée de préparation préalable, grâce à la préparation de notre elevator speech et l’entraînement aux serrages de main. Pratiquer cela deux semaines durant l’a rendu parfaitement naturel.

Ce n’est pas tant les connexions tissées avec les Américains que les discussions entre fellows qui ont permis de faire passer mon engagement à un échelon supérieur. En échangeant, en appliquant ces méthodes de réseautage et en faisant part de cette vive intention de gagner, j’ai organisé la venue de plusieurs invités conservateurs à Sciences Po à une cadence inédite (qui débute dès la semaine prochaine avec François-Xavier Bellamy !).

Quelles compétences spécifiques avez-vous développées pendant la bourse qui vous sont utiles dans votre rôle actuel ?

Avant toute chose, j’ai senti une grande progression en expression orale en anglais qui est tout à fait bienvenue.

Le progrès le plus flagrant porte toutefois sur mes compétences relationnelles. Depuis mon retour, j’apprécie rencontrer et réseauter avec davantage de monde et je suis bien moins facilement impressionnable. Je parviens à ne plus tourner autour du pot et j’ose faire avancer mon agenda, ce qui me permettra de recevoir très prochainement des personnalités qui étaient aux premiers abords plus que frileuses de passer la porte de Sciences Po.

En vous appuyant sur votre expérience, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un envisageant de postuler pour La Bourse Tocqueville ?

Je ne peux que recommander de sauter dans l’avion sans hésiter ! Ce fut une expérience des plus marquantes, l’un de « ces petits chapitres qui semblent n’être rien en eux-mêmes mais qui étendent toutefois leur influence sur tout le reste de l’histoire », pour reprendre les mots de Thackeray.

Je pense toutefois qu’il est primordial d’aller à la rencontre des Américains avec un but précis, une question en suspens dont vos interlocuteurs auront la réponse. Nous rencontrons des personnalités aux profils particulièrement variés, il est nécessaire de réfléchir à la manière dont le récit de chacune peut servir à vos propres engagements pour que les échanges soient les plus pertinents possibles.

Et évidemment, être prêt à vivre ces deux semaines à un rythme très soutenu, en profitant de toutes les opportunités qui s’offrent à vous, le jour comme la nuit !

Avec du recul, comment la Bourse Tocqueville a-t-elle influencé votre trajectoire professionnelle ?

Je suis rentrée depuis un mois et demi à peine, mais les militants et responsables des autres sections de l’UNI remarquent déjà que jamais une organisation étudiante de droite n’avait eu autant le vent en poupe. Le programme de l’année s’annonce particulièrement réjouissant !

Si vous deviez résumer votre expérience de La Bourse Tocqueville en quelques mots, quels seraient-ils ?

Je suis rentrée avec les 50 étoiles du drapeau américain dans les yeux !